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Mais lis donc dans l'train !
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12 novembre 2009

Les derniers jours d'Albert Camus, José Lenzini

Actes Sud, 142 pages, octobre 2009.

les_derniers_jours_d_Albert_CamusC'est dans une enveloppe blanche allongée que j'ai reçu ce petit livre posté par ma Maman qui sait oh combien j'aime Camus, et oh combien je suis presque déçue d'avoir terminé mon mémoire sur l'homme en question.

Le trajet en train pendant lequel j'attaque le livre colle à l'ambiance, puisque Camus est décédé dans un accident de voiture alors qu'il se rendait à Paris avec Michel, Janine Gallimard et leur fille en janvier 1960. C'est Gallimard qui avait insisté pour qu'ils fassent la route en voiture ensemble : Camus voulait prendre le train. L'ironie du sort, ou l'énergie du destin, peu importe le nom qu'on lui donne : la voiture a quitté la route dans une ligne droite, et Camus est mort sur le coup, un billet de train inutilisé dans sa sacoche.

José Lenzini, spécialiste de Camus, raconte dans ce livre les derniers jours de la vie de l'Algérien, en s'infiltrant dans ses pensées, en mêlant témoignages et citations. L'euphorie que j'éprouvais d'abord à l'idée de lire ce récit - appelé comme ça par la maison d'édition - a en fait été rapidement remplacée par une déception insidieuse : bien sûr, Lenzini fait ce travail en toute honnêteté, avec la volonté d'être au plus proche du personnage qu'est notre homme révolté. Mais ça ne suffit pas. Si l'ouvrage est bien écrit, je me vois petit à petit prise d'un léger agacement, qui concerne la véracité des pensées de Camus. L'idée qu'a eue Lenzini d'utiliser des citations de l'oeuvre de Camus pour étayer les propos de celui-ci me gêne un peu : on sait à quel point, sorties du contexte, une citation peut changer de sens. Surtout quand on parle de Camus, et qu'on a en tête sa phrase "Je crois à la justice mais je défendrai ma mère avant la justice" qui a créé bien des remous. Et ici, Lenzini prend le parti de ne pas nous renvoyer à l'oeuvre originale, pour nous inciter à "(re)lire Camus". Je ne suis que moyennement convaincue.

Lenzini analyse toute l'oeuvre de Camus comme une tentative de donner une voix à sa mère, muette. C'est une idée qui me touche, et qui peut, je crois, être défendue ; mais pourquoi la répéter à longueur de temps ? Alors que l'implicite et le silence sont des notions chères à Camus, Lenzini tente à tout prix de tout expliquer, de tout mettre en lumière, de donner un sens à chaque geste - jusqu'à ce que cela devienne trop.

Lenzini m'a en effet "incitée à relire Camus". Peut-être pas pour les raisons qu'il espérait.

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