Jonathan Livingston le goéland, Richard Bach
Librio, 93p.
La première fois
que j'entends ce titre, j'ai dix ans, je vends des livres sur une
brocante, une fille de mon âge arrive, et me demande si j'ai ce
bouquin-là. Je n'en ai jamais entendu parler ; moi qui dévore tout ce
qui me tombe sous la main, je suis bien obligée de hocher la tête, ça non, j'ai pas... Et j'oublie.
Je
ne sais pas pourquoi cette scène-là m'a marquée. Peu importe. La
deuxième fois que j'entends ce titre, c'est au mois de juin, sur les
berges du Rhône, de la bouche d'une demoiselle avec qui je viens de
passer mon année à Dublin.
Alors quand le Librio est là, sur le
présentoir au bout du couloir, je le prends, et le lis quelques heures
plus tard, avant de me coucher.
Jonathan est un goéland, mais
contrairement à ses semblables, voler pour trouver à manger ne
l'intéresse pas. Ce qu'il veut, lui, c'est considérer le vol comme une
fin, et pas seulement comme un moyen. C'est atteindre la perfection,
dépasser ses limites. Alors il s'entraîne. A toute heure du jour et de
la nuit, et en créant une distance bientôt infranchissable avec sa
famille. Exclu du camp, Jonathan ne sait s'il doit se réjouir de sa
liberté et en profiter, ou devenir un oiseau comme les autres. Mais il
rencontre bientôt des amis qui défendent la même philosophie que lui.
Au fil des pages, Jonathan se perfectionne, apprend le vol à d'autres,
et fait de sa passion un art de vivre, une révolution, et finit par
trouver sa place.
Ce joli conte philosophique a rencontré un
succès incroyable dans le monde entier. Les photographies des goélands
entre les pages permettent de respirer entre deux paragraphes, de
s'imprégner des phrases, du message que l'auteur explique avoir voulu
passer : "Exigez la liberté comme un droit, soyez ce que vous voulez
être". Je crois que l'histoire m'aurait semblé beaucoup plus percutante
il y a quelques années, mais même aujourd'hui, je relève le défi.