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1 septembre 2009

L'Usage du monde, Nicolas Bouvier

bouvier_193x300Il y a toujours un plaisir incroyable à lire un livre qui se déroule à l'endroit où l'on se trouve. Le boulevard Ornano dans un roman de Modiano, ou les îles au large de l'Irlande pour le Journal d'Aran et d'autres lieux, de Bouvier.

C'est comme ça que je l'ai lu la première fois. Ici, le vent des îles et la couleur des pierres ont laissé place à la chaleur du désert iranien, et je suis dans le métro parisien. Bouvier, j'en ai déjà entendu parler il y a un an, à l'autre bout du monde, dans un autre livre, Olivier Weber qui suivait les traces d'Ella Maillart, dans Je suis de nulle part. J'ai cherché L'Usage du monde en vain lors d'une escale à Lyon, la librairie avait annoncé, en cours de réimpression.

Dans les années 50, Nicolas Bouvier part en voyage avec son ami Thierry Vernet - dont les dessins se glissent entre les pages -, et leur troisième compagnon de route, une vieille Fiat maintes fois retapée. Troisième compagnon, parce qu'elle compte tellement, en les emportant de la Yougoslavie jusqu'en Afghanistan. Elle leur cause bien des soucis, elle provoque bien des pages, et pourtant, c'est grâce à elle qu'ils avancent. Pendant leur voyage, Thierry expose des dessins, Nicolas écrit des articles, présente des conférences. Il ne leur faut pas grand chose, juste de quoi continuer la route. Le reste, ils l'ont en eux : le désir de lenteur, l'amour de la découverte, l'importance accordée aux détails.

Ce que j'aime chez Bouvier, c'est le regard qu'il pose sur les choses, sa manière d'être au monde, sa sensibilité aux couleurs, aux mille nuances de bleu de Téhéran, sa capacité à "donner à voir", à dire les gens, de manière simple et élégante. C'est surtout sa sincérité - il ne cherche pas à ce que tout soit beau, à ce que chaque rencontre soit parfaite, réussie. Au contraire, il accepte les ratés, pour mieux garder les déclics précieux, les frères étrangers avec qui l'on partage plus que des silences ou des gestes.

L'Usage du monde est un beau titre, et les pages qui suivent sont à la hauteur. Il y a toujours un plaisir incroyable à lire un livre qui se déroule à l'endroit où l'on se trouve, certes, mais il y a toujours aussi un plaisir incroyable à lire un livre qui vous fait voyager. Dans tous les cas, il y a toujours un plaisir incroyable à lire Bouvier.

"On voyage pour que les choses surviennent et changent ; sans quoi on resterait chez soi."

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